Créa-Job est une structure d'accompagnement à l'autocréation d'emploi agréée par la Région Wallonne depuis janvier 2010. Elle compte pour le moment trois implantations, à Waremme, Hotton et Louvain-la-Neuve. «Notre but est d'accompagner des personnes vers la création de leur activité indépendante.» Pour ce faire, trois services distincts sont proposés par Créa-Job: une aide à la préparation du projet, la couveuse d'entreprise en elle-même et un guide pour trouver une aide financière.

 

 

Le premier module de préparation du projet est ouvert à tout le monde: «On reçoit des gens qui ont une idée d'entreprendre, mais qui ne savent pas du tout comment la décliner en projet. Ces personnes ont donc besoin d'être accompagnées car elles ne se sont pas encore suffisamment structurées. Elles ont besoin d'un petit coup de pouce pour se lancer totalement.» Des formations et des coachings sont donc proposés aux candidats afin de leur expliquer comment réaliser une étude de marché, monter un plan financier, connaître les formalités légales liées à l'implantation de la société, développer une stratégie commerciale, …

 

Ensuite vient la principale activité de Créa-Job, la possibilité de tester un projet en couveuse d'entreprises, ouvert uniquement aux demandeurs d'emploi. Cette structure permet de tester la faisabilité d'une activité d'indépendant en grandeur réelle avec un statut qui lui garantit le maintien de sa couverture sociale. «Ces personnes travaillent donc comme indépendants, mais utilisent notre propre numéro d'entreprise. Ce qui leur permet de continuer à percevoir leurs allocations de chômage (un salaire garanti), d'avoir un coach qui leur fixe des objectifs à atteindre pour devenir rentables, de profiter de formations en marketing ou en gestion financière, d'avoir un appui comptable gratuit et de prétendre à un prêt à 0% de maximum 5000 euros.»

 

En complément de ces deux volets, Créa-Job propose également un service de recherche de financement et de suivi post-création. «Les personnes visées par ce service savent très bien où elles vont et viennent nous chercher uniquement pour obtenir du financement. Quant au service post-création, il permet aux personnes qui se sont lancées de continuer à nous contacter en cas de questions. Lors de l'engagement de leur premier ouvrier, par exemple.»

 

 

Tout le monde a-t-il la possibilité, les qualités nécessaires ou la personnalité adéquate pour lancer sa propre entreprise? En d'autres mots, entreprendre est-il réservé à certaines personnes ou tout le monde est-il capable de le faire? La réponse d'Eve Jumel ne tranche pas réellement: «C'est une question difficile. Après tant d'années passées à voir des porteurs d'entreprises défiler, j'ai bien dû revoir mes préjugés. Certaines personnes que je trouvais molles ou pas assez structurées se sont transformées au cours du parcours et ont réussi à lancer leur entreprise avec succès.» Cependant, elle pointe quand même quelques critères objectifs pour entreprendre: être motivé, persévérant, créatif, organisé et multitâches («il ne faut pas seulement être bon dans ce que l'on fait, mais il faut également être un bon gestionnaire, un bon commercial, …»). Ceci mis à part, quelques motifs peuvent entraînés le refus d'un accompagnement par Créa-Job: «quand la personne vient chez nous uniquement pour profiter du système et n'a pas réellement besoin d'accompagnement, quand le projet est trop immature ou quand c'est trop risqué».

 

Bizarrement, ce ne sont pas les universitaires les candidats principaux de Créa-Job. «Les universitaires n'entreprennent pas suffisamment. Dans les filières classiques à l'université (le droit ou la médecine par exemple), il n'y a pas véritablement d'incitants à l'esprit d'entreprendre. On est d'ailleurs en train de réfléchir à la possibilité d'intégrer au cursus universitaire certains cours afin de leur donner cette envie d'entreprendre par la suite.» Elle réfléchit également aux freins socioculturels qui existent et empêchent les universitaires de penser à lancer leur propre entreprise et se tournent alors vers une carrière dans l'administration. Elle espère dès lors que les jeunes diplômés pensent davantage en logique de projet.

 

Après plus ou moins neuf mois (en moyenne) en couveuse, les porteurs d'entreprises peuvent enfin voler de leurs propres ailes et être effectivement indépendants. «On a plusieurs comités devant lesquels les porteurs d'entreprises présentent un dossier et sont ensuite acceptés ou refusés. Ils doivent présenter leurs chiffres, ce qu'ils ont réalisé et ce qu'ils projettent de faire.» Le succès de réussite de Créa-Job se situe autour des 60-70%. Deux personnes sur trois en couveuse réussissent donc à se lancer ensuite comme indépendant effectif.