Interview de Stéphanie: vétérinaire
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Interview de Stéphanie: vétérinaire

Catégorie: Starters

Se lancer en tant qu'indépendant n'est pas une mince affaire. Ce mois-ci, nous avons rencontré Stéphanie Franquet, jeune vétérinaire de 25 ans, qui nous en dit un peu plus sur son parcours, les embûches qu'elle a eu à éviter avant de s'installer et son quotidien de vétérinaire.


Stéphanie: Je pratique la médecine générale des petits animaux de compagnie et des chevaux (y compris la dentisterie équine), l’ostéopathie équine et canine ainsi que la physiothérapie équine et canine. Je suis basée dans la Province de Liège et j’exerce dans toute la Belgique.
 
GUIDO: Devenir vétérinaire a-t-il toujours fait partie de tes rêves? Stéphanie: Oui! Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu devenir vétérinaire. J’ai grandi à la campagne, entourée d’animaux et j’ai toujours voulu travailler avec eux. Ensuite, au fil de mes études, j’ai développé un profond intérêt pour tout ce qui touche à la physiothérapie, la rééducation et la médecine sportive. L’ostéopathie s’est aussi imposée naturellement dans un souci d’envisager le patient dans sa globalité.
 
«On ne manipule pas un cheval de 500 kilos comme on le ferait avec un chihuahua!»
 
GUIDO: Pourquoi avoir choisi la spécialité des chevaux?
Stéphanie: Les chevaux me fascinent et en même temps, il est très difficile de travailler avec eux. On ne manipule pas un cheval de 500 kilos comme on le ferait avec un chihuahua! Il faut réussir à se faire accepter et créer un vrai climat de confiance si on veut pouvoir les traiter car par la force, on n’obtient jamais rien d’un cheval. Travailler avec les chevaux demande aussi une extrême vigilance de tous les instants. Il faut toujours garder à l’esprit qu’un cheval est un herbivore et donc une proie (à la différence des chiens et des chats qui sont des prédateurs dans la nature); sa seule défense est la fuite et lorsqu’il panique, il vaut mieux ne pas être dans le chemin! Mais une fois qu’on réussit à entrer dans sa bulle, c’est un animal très sensible et généreux.
 
GUIDO: Ces études n'ont-elles pas trop été exigeantes?
Stéphanie: Les études sont longues et difficiles mais je pense qu’il faut tout simplement savoir ce qu’on veut. Je n’imaginais pas ma vie sans ce métier, je n’y ai même jamais pensé. De ce fait, il était pour moi normal de travailler un maximum pour arriver à mes fins. Et même si les études sont difficiles, cette période reste un des meilleurs moments de la vie et il faut en profiter!
 
GUIDO: La transition entre les études et la vie active a-t-elle été difficile?
Stéphanie: Un peu au début, mais je pense que cela vaut pour tout le monde. C’est normal, on passe d’un statut d’insouciance et d’une vie protégée à l’université pour entrer dans la "vraie" vie avec toutes les responsabilités que cela implique.
 
GUIDO: As-tu rencontré des difficultés à te lancer en tant qu'indépendante?
Stéphanie: Pas particulièrement, mais j’ai la chance d’avoir un papa qui s’occupe d’une grande partie de ma paperasse ce qui est un vrai atout, surtout quand on débute. Le plus difficile a peut-être été de s’y retrouver dans les nombreuses démarches administratives à effectuer.
 
«Il y a beaucoup de concurrence entre les vétérinaires»
 
GUIDO: Le milieu vétérinaire est-il un milieu facile?
Stéphanie: Je pense qu’en règle générale, les relations entre confrères sont bonnes. Mais il y a aussi pas mal de concurrence car le nombre de vétérinaires exerçant en Belgique est hallucinant! Le marché est saturé, on trouve des vétérinaires à tous les coins de rue, d’où une certaine concurrence, logique je pense. La solution est d’aller s’installer en France ou ailleurs où il y a une demande. Pour ma part, je suis trop attachée à mes racines pour l’envisager.
 
GUIDO: Faut-il être davantage passionné que dans un autre métier pour être vétérinaire?
Stéphanie: Oui, définitivement! Je pense que ce métier est trop dur et demande un investissement personnel trop important que pour tenir le coup si on n’est pas passionné. D’ailleurs, il arrive que certains confrères changent de métier après quelques années de pratique.
 
GUIDO: Est-il facile de se faire une clientèle?
Stéphanie: Non, ce n’est évidemment pas facile et je n’en suis encore qu’au début. Il faut s’imaginer qu’une fois diplômé, le plus dur reste à faire. On débarque sur le marché, jeune, inexpérimenté, pas ou peu équipé et on doit rivaliser avec les confrères installés depuis des années, plein d’expérience, dotés d’équipements à la pointe de la technologie. Pas facile mais pas impossible non plus! Je pense que pour s’en sortir, il faut tout d’abord afficher une disponibilité et une motivation sans faille et ensuite, il faut se former pour se différencier des autres vétérinaires (par exemple, en dentisterie équine souvent délaissée par les vétérinaires) et offrir aux clients ce qu’ils ne trouvent pas ailleurs (par exemple, la physiothérapie, encore peu connue en Belgique). On est alors "armés" pour rivaliser.
 
GUIDO: Tu n'es pas employée, cela comporte-t-il des inconvénients?
Stéphanie: Le plus gros inconvénient est que je n’ai pas de salaire fixe à la fin du mois, donc pas de sécurité financière. Mais les avantages sont nombreux à mes yeux: je suis libre de travailler à ma manière et de prendre le temps que j’estime nécessaire pour faire les choses. J’organise mes journées comme je le veux, je suis libre de choisir mes partenaires de travail et je sais que même si mes journées sont chargées, je travaille pour moi et cela est très satisfaisant.
 
«Ma voiture est en quelque sorte mon bureau!»
 
GUIDO: Comment s'articule une journée-type?
Stéphanie: Je n’ai pas de journée-type et c’est aussi un autre avantage. Je partage mon temps entre différentes cliniques petits animaux dans lesquelles j’assure les consultations de physiothérapie, les manèges et écuries où se trouvent mes patients équins et ma voiture dans laquelle je passe aussi beaucoup de temps. Je n’ai pas de cabinet, donc ma voiture est un peu mon bureau!
 
GUIDO: Quelles sont tes principales satisfactions à être ton propre patron?
Stéphanie: La liberté de vraiment m’organiser comme je le souhaite. Comme je l’ai dit, parfois j’estime qu’il est nécessaire de prendre dix minutes de plus que prévu avec certains patients. Je ne pense pas pouvoir supporter d’avoir quelqu’un derrière moi qui compte mes heures et me demande d’assurer un patient tous les quarts d'heure. Ce n’est pas ma vision du métier.
 
GUIDO: Quelles sont les principales satisfactions que t'apporte ce métier?
Stéphanie: Outre le contact avec les animaux et les joies que cela apporte, ce métier est doté d’une facette particulièrement sociale à laquelle on ne s’attend pas spécialement quand on débute. Ce n’est d’ailleurs pas toujours évident de "gérer" les propriétaires au début mais une fois les premières consultations hésitantes passées, on a souvent la chance de faire de belles rencontres, humainement parlant. Une autre grande satisfaction est le fait de passer beaucoup de temps à l’extérieur, de bouger énormément et de voir de nouvelles têtes tous les jours.
 
GUIDO: Ce n'est pas trop difficile financièrement?
Stéphanie: Il ne faut pas le cacher, les deux premières années sont réputées pour être très difficiles financièrement. Les clients sont rares et les rentrées d’argent servent à payer les charges sociales, les assurances et les frais en tous genres. On me dit souvent que je fais le plus beau métier du monde alors je pense que ça vaut le coup de s’accrocher et que cela va en s’améliorant.
 
Plus d'infos sur www.vetosteo-franquet.be

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