Renaud Pirotte et François Dethier sont les heureux gagnants de la première saison de l'émission Starter de la RTBF (l'émission est prévue pour ce printemps tandis que les sélections sont bientôt bouclées). Grâce à leur bière La Curtius, ils se sont lancés dans la grande aventure de l'entrepreneuriat. Rencontre avec deux jeunes qui n'ont pas fini de se faire mousser!

GUIDO: Pourquoi avoir choisi de lancer une bière?
Renaud: La bière, c’est avant tout une passion. Une passion qui remonte à mon enfance durant laquelle j’ai grandi juste à côté de la brasserie d’Achouffe en Ardenne. Puis, c’est un métier très diversifié, aucune journée ne ressemble à la précédente, on a de multiples casquettes: gestionnaire, publicitaire, représentant, commercial, producteur, livreur etc… Mais la facette du métier qui nous intéresse le plus est sans nul doute celle de créateur; de pouvoir, à partir de quelques ingrédients très simples, offrir une palette infinie de saveurs.
François: Bien entendu, il y a pas mal de passion qui se cache là-dessous. Même si je n’ai pas une origine brassicole comme Renaud, ce sont surtout nos cours de brasserie qui m’ont motivé à me lancer. Nous avons vraiment bien été préparés au métier de brasseur. La bière est un produit passionnant qui demande d’avoir de la rigueur car on n'est jamais à l’abri d’une contamination, mais qui laisse également une énorme part de créativité. Et c’est ça aussi qui m’intéressait: de pouvoir créer, jouer avec les produits jusqu'à produire quelque chose de différent. Il y a encore tellement de pistes à explorer dans le monde brassicole, tellement de saveurs à marier. De plus, il y a énormément d’amateurs de bière en Belgique et dans le monde, ce qui rend notre travail très valorisant très gratifiant.

«Être deux est un avantage. Cela nous permet de prendre des décisions plus réfléchies et de ne pas bruler les étapes.»

GUIDO: Comment fonctionne une micro-brasserie?
Renaud: Dans une micro-brasserie, il se passe énormément de choses différentes. Le plus important, c'est la production: à partir de céréales maltées, de houblon, d’épices et de levure, nous produisons de la bière selon un processus qui nous est propre. L’ensemble de ces étapes prennent plus de deux mois entre le brassage et la dégustation de notre Curtius. Le reste de l’activité consiste en la gestion des stocks, de la comptabilité, de la représentation sur des salons, des festivals, etc.

GUIDO: Comment pourrait-on décrire La Curtius?

Renaud: La Curtius est une bière unique avec une texture et une couleur d’un trouble doré imparable. Les trois houblons qui la composent offrent des saveurs fleuries, fruitées, avec une fine amertume en fin de dégustation. Pour nous, c'est une bière réellement subtile, avec un bon équilibre entre les différents goûts. Malgré sa complexité, cette bière, nous la voulions assez légère et douce. Une Curtius offre donc une réelle découverte de saveurs tout en étant légère et accessible à toutes et à tous. Mais avec ses 7% d'alcool, elle cache bien son jeu malgré tout.

GUIDO: Où peut-on trouver cette bière?

Renaud: Il est possible de retrouver la Curtius dans les plus emblématiques bars/brasseries à Liège et dans ses environs mais également dans quelques supermarchés de la région. Enfin, le plus simple est de visiter notre site web www.lacurtius.com pour retrouver tous nos points de vente.

GUIDO: Avez-vous rencontré des difficultés à lancer votre propre entreprise?

Renaud: Il ne serait pas juste de dire que nous ne rencontrons pas de difficultés et que tout se passe toujours comme nous l’imaginions. Cependant, quand on n’oublie pas que nous sommes partis de rien et qu’il y a encore quelques mois en arrière rien de ceci n’existait, on se dit que ce ne sont pas quelques petites complications qui vont nous empêcher d’avancer.

François: On a eu en effet pas mal de difficultés mais jusqu'à maintenant nous avons réussi à bien les surmonter. Je pense que c’est en grosse partie parce que nous sommes bien entourés. Le fait d’être deux est pour moi un avantage. Cela nous permet de prendre des décisions plus réfléchies et de ne pas bruler les étapes.

«Notre jeune âge simplifie les choses. Même si certains clients nous demandent encore de parler au patron!»

GUIDO: L'émission 'Starter' de la RTBF vous a bien aidés. Quel souvenir gardez-vous de cette expérience?

Renaud: C’était pour nous une grande expérience, on en retient surtout la découverte du monde des médias et de super rencontres qui nous accompagnent toujours dans l’avancement de notre petite entreprise.

GUIDO: Vous êtes basés sur Liège, existe-t-il une dynamique pour les jeunes entrepreneurs en Cité Ardente?

Renaud: Il y a un vrai dynamisme dans notre ville, nous nous sentons réellement soutenus. Toutes les semaines, il y a des rencontres de jeunes entrepreneurs qui tentent de créer des synergies entre les entreprises du cru, c’est vraiment motivant.

GUIDO: Votre jeune âge à tous les deux est-il un avantage ou un inconvénient?

Renaud: Nous l’avons toujours vu comme un réel avantage. Car nous sommes assez libres, sans trop d’engagement; pas de maison, pas d’enfant. Nous pensons que cela simplifie les choses et nous permet d’accumuler de longues journées de travail sans problème. Cependant, on ne vous cache pas qu’à plusieurs reprises, en rencontrant des clients ou des fournisseurs, on nous a demandé pour parler au «patron».

GUIDO: Quel avantage retirez-vous de votre position d'entrepreneur par rapport à un employé?

Renaud: L’avantage, c’est évidemment la flexibilité et la liberté d’organiser sa journée de travail comme on l’entend. Les inconvénients: peut-être un peu plus de stress et des horaires à rallonge, une journée n’est jamais réellement terminée. Mais quand on aime…

«Il est important de bien s'entourer»

GUIDO: Quelles sont vos principales satisfactions à être votre propre patron?

Renaud: L’essentiel pour moi était d’avoir plus de liberté dans mon travail, mais finalement c’est un bien plus grand changement. Nous rencontrons chaque jour de nouvelles personnes, on apprend énormément de nouvelles choses. Et c’est également très enrichissant de voir directement les résultats de ses efforts. 

GUIDO: Ce n'est pas trop difficile financièrement?

Renaud: Depuis le départ, nous essayons de limiter les risques et d’être très regardants par rapport aux finances. Maintenant, on ne peut pas dire que c’est facile à assurer, mais on y arrive.

GUIDO: Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui ont envie de se lancer en tant qu'indépendant ou souhaitent créer leur entreprise?

Renaud: Croyez en votre projet, prenez le temps qu’il faut pour monter un dossier solide, remettez-vous souvent en question et prévoyez un plan B si cela ne se passe pas comme vous l’espérez. Il faut toujours anticiper, surtout quand on prépare un début d’activité. Et puis, ce n’est pas le plus facile, mais essentiel, entourez-vous bien.

François: Je suis à 100% d’accord avec Renaud. Il faut vraiment y croire et oser. Il y a tout ce qu’il faut autour de nous pour y arriver. On est parfois démoralisé car on ne sait pas toujours par ou commencer. Mais on peut très facilement trouver des gens qui vont nous suivre pas à pas et nous expliquer quelles étapes réaliser dans quel ordre. Grâce à toutes ces aides, cela devient vraiment réalisable!